Ses lèvres s’élargissent. Elles sont rouge sang. Devant son
visage, blanc comme une neige de février, coulent des mèches à la noirceur
d'une nuit sans lune. Elle est l’hiver, le froid vivifiant, une fuyarde
endormie sous les branches basses d’un sapin cerné de givre.
Les doigts de la blonde qui m’avait embrassée se resserrent
sur mon poignet. Elle m’attire à l’intérieur. La porte claque sur mes fesses.
Je connais ces filles, mais d’où ? Je n’ai pas la force de lui opposer la
moindre résistance. J’entends le bruit de mon escarpin qui heurte le plancher
et je me dis qu’elle pourrait faire gaffe, ça coûte une blinde ces machins-là...
Franchement, j’ai rien de mieux à penser en ce moment qu’à cette foutue chaussure ? Je dois
avoir un truc avec les souliers. Ça me rappelle que je ne sais même pas comment je
m’appelle… Comment elle a dit, la brune ? Cendrillon… Va pour Cendrillon,
alors. Les questions embrouillent mes pensées. Je tente d'articuler quelques
interrogations maladroites, mais l’index de la brune se pose sur ma bouche
comme un papillon. Elle se tient debout devant moi. Sa beauté me subjugue.
J’entends dans mon dos le bruit d’une étoffe qui tombe sur le sol. La blonde a
fait glisser à ses pieds sa robe à la coupe surannée. Elle est nue. Sa peau est
couverte de tatouages. Un lapin qui court, une chenille dodue qui fume, un chat
qui se marre… Il y en a vraiment partout.